Avec la loi Sapin 2, l’assurance-vie est en train de se transformer en piège pour investisseurs. Découvrez pourquoi ce n’est plus un bon placement pour vos liquidités !
Sommaire
Quels sont les enjeux de l’assurance-vie ?
1300 milliards, c’est ce que les Français ont actuellement de placé en assurance-vie. Lorsque l’on parle d’assurance-vie, on fait surtout référence à des contrats investis en fonds euros à capital garanti car les épargnants français ne sont que 7% à détenir des actions ou fonds à risque actuellement.
L’assurance-vie a de longue date été présentée comme le placement idéal : rendement garanti et capital garanti. Pas étonnant qu’il soit le placement préféré des Français.
1300 milliards, c’est énorme et c’est un montant très proche des dépenses annuelles de l’Etat Français. C’est 65% du montant de la dette de l’Etat français (2000 milliards en 2015) qui cherche depuis 2 ans un moyen pour parvenir à piocher dans cette manne.
L’assurance-vie des Français étant donc massivement investie en fonds Euros, les épargnants français sont donc la contre-partie de l’Etat Français sur le marché obligataire. En clair, quand l’Etat a besoin d’argent, il émet des titres de dettes, des obligations, qui ont un rendement actuel de 1% environ. Les assureurs, lorsqu’ils ont des fonds à placer, achètent ces obligations. Les détenteurs de fonds euros sont donc les détenteurs de la dette française.
Conséquence ?
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Imaginez un peu que les épargnants français souhaitent tout à coup massivement récupérer leur épargne (suite à une crise financière par exemple). Outre les problèmes de solvabilité que cela poserait aux assureurs pour rembourser tout le monde en même temps, a qui l’Etat français va t-il vendre ses obligations ?
S’il n’y a personne sur le marché, il va devoir monter ses taux et là c’est la faillite car avec 4.5% de taux obligataire, l’Etat français sera en faillite selon les simulations de plusieurs économistes.
En synthèse : avec la loi SAPIN 2, l’Etat se protège au détriment des épargnants pour le cas où il y aurait une crise financière.
Le gouvernement a donc voté la loi Sapin 2, durant l’été 2016.
Par un amendement à cette loi, l’article 21 bis, déjà adopté par l’Assemblée et qui sera débattu prochainement au Sénat, l’Etat s’est créé, tenez-vous bien, une main mise potentielle sur votre assurance-vie en fonds euros. Concrètement il offre à l’Etat la possibilité de « suspendre ou restreindre temporairement » les retraits ou de limiter les rachats, arbitrages, ou avances des titulaires de contrats en euros. La distribution « des intérêts prévus” pourra elle aussi être temporairement suspendue ou restreinte.
Pour faire simple, en cas de besoin, l’Etat aura la possibilité de bloquer les retraits des assurances-vie tout comme le versement des intérêts.
En cas de remontée des taux, ça sera une mesure très pratique et salvatrice pour l’Etat.
En effet, par simple décision administrative prise par le Haut Conseil de Stabilité Financière auquel siège le ministre des finances , l’Etat va pouvoir ne pas payer d’intérêts sur ses obligations. Et ce n’est pas peu dire car si les taux montent, la charge de la dette de l’Etat peut le mettre en péril.
Il n’aura même plus besoin d’émettre de nouvelles obligations puisque les fonds euros des épargnants en assurance-vie seront bloqués et, rappelez-vous, ces fonds euros sont investis en obligations d’Etat français.
L’article 21 bis de la loi SAPIN 2 permettra donc d’éviter la faillite de l’Etat Français en cas de besoin par la spoliation des épargnants en assurance-vie fonds euros à capital garantit (plus garantit du tout du coup).
Certains voudraient se fier au fait que c’est pour une durée limitée de 3 mois et pour le bien de tous. Je répondrai, que ça sera la même chose qu’avec le RMI ou l’Etat d’urgence : une mesure temporaire qui sera prorogée ad vitam æternam car c’est dans l’intérêt de l’Etat.
Ca parait donc gros, très gros même, mais c’est pourtant la réalité.
L’assurance-vie fonds euros, un placement risqué et potentiellement bloqué totalement illiquide
Avec cette loi SAPIN 2, vous l’aurez compris, l’assurance-vie n’est donc plus du tout un placement sécurisé à capital garanti, VRAIMENT PLUS ! En cas de crise financière, l’assuré sera dans l’impossibilité de récupérer ses économies et ne percevra même plus de revenu. A la sortie de crise, que restera t-il des sommes placées ?
Pas forcément la totalité : explications.
Le risque envisagé est le krach obligataire.
Prenons un exemple pour illustrer. Au début, l’assuré verse 1000€ sur son contrat d’assurance-vie et son assureur achète pour 1000€ d’obligations d’Etat qui rapportent un petit 1% d’intérêt actuellement par an. Cela fait un versement net de frais de 0.7% soit 7€ par an pour l’assuré. Quelle aubaine !
Si les taux de marché montent à 5%, l’Etat est obligé d’émettre des obligations qui vont avoir un rendement de 5% au lieu de 1% précédemment. Si tous les gérants de fonds se mettent à vouloir de cette obligation qui rapporte 5 fois plus, la valeur de celle qui rapporte 1% va s’ajuster à la baisse pour avoir un rendement de 5% pour l’acheteur. Elle ne vaudra donc plus que 200€ (car 5% de 200€ égal 10€) !
A lire : Combien vous faudra-t-il pour la retraite ?
Comment faire alors pour rembourser des épargnants qui ont un capital garanti à 1000€ avec quelque chose qui vaut sur le marché 200€ ?
Impossible évidemment et il faudra donc attendre que l’obligation arrive dans sa période de remboursement par l’Etat pour que l’assureur puisse récupérer 1000€ et rendre son capital à l’épargnant. Vu la durée de vie des obligations, on parle de 3 ans à 5 ans pour le court terme ! Largement assez de temps pour que l’Etat français soit en faillite (avec des taux à 5% c’est quasi joué d’avance) et décide un moratoire sur le remboursement de ses obligations à 10% de leur valeur par exemple.
Vous n’y croyez pas ? Les Grecs non plus n’y croyaient pas, et pourtant c’est arrivé.
Conclusion : avec la loi SAPIN 2, adieu le capital garanti de l’assurance-vie…
Les rendements sont bas et ne seront pas à plus de 2% en 2016 en assurance-vie
Comme je l’ai déjà écrit dans un article précédent, nous allons vers une forte baisse du rendement des assurances vies en fonds euros.
Cela fait 2 ans que le gouvernement tente de faire baisser les rendements des assurance-vie fonds euros de manière plus ou moins diplomatique.
2.3% net en moyenne en 2015 sur les fonds euros c’est bien plus que ce que rapportent réellement les obligations détenues par les assureurs qui puisent donc dans leurs réserves puisque les obligations ne rapportent plus ce montant.
Le risque est qu’ils ne gardent que trop peu de capitaux en cas de crise financière et ne puissent faire fasse à des demandes de remboursements massives.
Alors avec la loi SAPIN 2, la diplomatie c’est fini puisque le gouvernement pourra limiter de façon autoritaire les taux proposés aux souscripteurs.
En date du 13 juin 2016, Michel Sapin, président du Haut Conseil de Stabilité Financière (c’est donc lui qui prendra la décision d’appliquer ou non sa propre loi…. ironique) déclarait, « dans le contexte actuel de développement des taux d’intérêt négatifs […] l’ajustement à la baisse des rémunérations des contrats d’assurance-vie intervenu en 2015 a été insuffisant au regard des circonstances macroéconomiques et financières actuelles, et en particulier des rendements prévisibles des actifs sous-jacents »,
La tendance va donc êtres très marquée à la baisse pour les rendements des contrats d’assurance-vie fonds euros.
Dans le même genre, j’ai constaté récemment que certains assureurs refusent tout bonnement de placer des nouveaux versements sur des fonds euros. D’autres limitent le versement en fonds euros à 30% maximum et obligent donc leurs clients épargnants à investir en unité de comptes, comprenez sur des fonds à risque.
Le risque augmente, le rendement baisse, cherchez l’erreur !
Vous l’avez compris, plus de risque, moins de rendement, plus aucune garantie : l’assurance-vie pour placer ses économies que l’on veut disponibles à court terme ce n’est vraiment plus une bonne idée.
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Doit-on pour autant liquider ses assurances-vie ?
L’assurance-vie reste tout de même un outil de transmission patrimonial très intéressant pour “sortir” un capital de l’assiette de la succession et favoriser un ayant droit.
Dans certains cas, l’assurance-vie peut donc être intéressante :
- Ainsi, si vous avez des enfants qui en veulent uniquement à votre argent, protéger votre conjoint avec une assurance vie dont il sera le premier bénéficiaire à votre décès peut être intéressant.
- Si, à votre décès, vous souhaitez léguer une somme à un tiers, sans que vos ayants droit aient mot à dire, c’est aussi une bonne idée.
Dans les autres cas, l’assurance-vie n’est pas intéressante.
- Si vos enfants ont des relations normales avec vous, aucun besoin de surprotéger votre conjoint avec une assurance-vie. Un contrat de mariage bien fait, une donation au dernier vivant, un compte d’épargne suffisamment approvisionné suffisent largement.
- Si vous avez un contrat d’assurance-vie investi en unité de comptes, mieux vaut verser ses fonds sur un PEA qui produit sensiblement les mêmes avantages fiscaux sans être dans le viseur de l’Etat.
- Si vous avez des liquidités en fonds euros, optez pour des livrets si vous avez de petites sommes car en cas de remontée des taux ou de crise financière, la garantie de votre épargne à hauteur de 100.000€ ne pourra fonctionner, tout bonnement parce que le Fonds de Garantie des Dépôts ne contient pas assez d’argent !
Il faut en avoir conscience, le Fonds de Garantie des Dépôts en France totalise 2.7 milliards pour plus de 1700 milliards de dépôts éligibles. Accrochez-vous, cela fait 0.16% des dépôts couverts ! Je vous renvoie à l’excellent article de Charles SANNAT sur le sujet : Le cas français de la grande illusion de la garantie des dépôts à 100 000 euros.
- Si vous avez des liquidités plus importantes, ouvrez un compte titre et achetez un fond monétaire investi en obligation court terme en Euros éventuellement d’un autre Etat de la zone Euros (Allemagne par exemple) ou carrément en Dollars.
Enfin, dernier conseil capital : ne vous laissez pas aveugler par l’économie d’impôts que vous procure / procurerait votre contrat d’assurance-vie par la non fiscalisation partielle de vos retraits car au train où vont les choses, vous pourriez ne rien pouvoir retirer du tout et perdre un grosse partie de votre épargne.
SONDAGE : Vous avez un assurance-vie fonds Euros ?
Dites-nous dans les commentaires ce que vous allez en faire !
Objectif Préparer Ma Retraite says
Bonjour,
Petite mise à jour, le 30 septembre 2016, les députés ont adopté l’article renforçant les pouvoirs du Haut conseil de stabilité financière (HCSF) applicables à l’assurance en cas de risque systémique.
Donc maintenant, il n’est pas garanti que les retraits des épargnants soient possibles à tout moment puisqu’ils pourront être suspendus ou limités pour une durée maximale de 3 mois… RENOUVELABE…
Il va donc falloir trouver d’autres idées pour placer de manière sécurisée.
A Objectif Préparer Ma retraite, nous y travaillons et allons bientôt vous donner des solutions.
A suivre
Metlife says
Bonjour,
Comment l’Etat aurait il le pouvoir de « piocher dans cette manne » ?
Bien à vous,
Objectif Préparer Ma Retraite says
« Piocher » n’est pas vraiment de le but de la loi Sapin 2, ça c’est le but de la hausse de la CSG et de celles à venir car il ne faut pas rêver ça continuera de monter.
Le but de la loi SAPIN 2 est de permettre à l’Etat de différer ses paiements d’intérêts sur ses dettes (obligations d’Etat) et même de différer les remboursements ; tout cela en cas de remontée des taux.
En effet, si l’Etat ne rembourse pas une dette, il n’est alors pas obligé de réemprunter à un taux plus élevé.
C’est tout bénéfice pour lui mais pas pour l’épargnant !
Comme les fonds Euros contiennent une grosse part d’obligations d’Etat, la disponibilité des fonds et des intérêts perçus sur les contrats d’assurance vie en fonds Euros sont donc en risque.
lct says
Bonjour, ma banquière m’ avait ouvrir jeune actif un fonds largement euro sur les 40k sans frais d’inscription. Dois-je tout revendre, quitte à être ponctionné court terme ?
Objectif Préparer Ma Retraite says
Bonjour,
Les impôts ne sont calculés que sur les gains et avec les fonds euros les gains sont faibles.
Donc à votre place je liquiderai tout pour ouvrir un contrat d’assurance-vie supportant une stratégie plus rentable.
Ballet says
Quoi faire au-delà de 100 000 euros sur une assurance vie?
Mettre le reste dans une autre banque toujours en assurance vie , est ce que l etat pourra quand même prendre les sommes.
J ai compris que l etat peut prendre au dessus de 100 000 euros.
Est ce que je peux mettre 100000 euros dans 2 banques différentes et de ce fait , suis je protegee
Objectif Préparer Ma Retraite says
Bonjour,
Le meilleure chose à faire est effectivement d’avoir plusieurs banques afin de diminuer les risques.
Pensez aussi à diversifier le type de banque et à avoir des banques qui n’interviennent pas sur les marchés.
SAUCET says
Bonjour, Je dispose d’un PEP assurance depuis 1999 en fonds en Euros . L’assureur vient de m’adresser une LRAR pour m’informer d’une modification du contrat à compter du 1er janvier 2021 : Taux minimum garantie à 0 % brut de frais de gestion sur encours, augmentation du pourcentage des frais de gestion, demande d’un prélèvement automatique pour une cotisation annuelle à l’association en qualité d’adhérent , tout ceci était inexistant depuis 21 ans. Que faire , dois-je répondre et accepter cette contrainte unilatérale ? Merci pour votre réponse.
le cornec says
et oui mieux vaut avoir des maisons et des lingots d or a 5OO POUR CENT EN 2O ANS